Bill grelotte…
Oh, pourtant, il ne fait pas froid…
Nous sommes en plein mois de juin, il fait beau, la météo est clémente et l’aube prometteuse…
Pourtant, il tremble de tout son corps…
A tel point qu’il a du mal à tenir son fusil…
De son front, perlent de grosses gouttes…
Lui, il attend… au 3ème rang derrière ses compagnons…
Il n’est pas vraiment impatient de débarquer, mais il n’en peut plus d’attendre…
Il veut qu’enfin les bougent choses… qu’il y ait de l’action.
La houle remue le bateau, il a la nausée, et surtout, il est fatigué de ce long voyage…
Son premier voyage aussi loin… Outre atlantique…
La peur le tétanise…
Il était pourtant enthousiaste quand il a signé…
Il a même triché sur son âge de quelques mois pour pouvoir s’engager, contre l’avis de ses parents…
Après tout, c’est un grand gaillard… d’origine irlandaise, dont la famille a émigré “aux States”…
L’aventure, enfin !
Winston, le vieux lion, n’avait pourtant promis que du sang et des larmes…
Mais on lui a dit que son rôle était essentiel…
Qu’il devait défendre la Liberté, comme tous ses camarades…“Quoi qu’il en coûte”…
On lui a dit que de son action, aussi infime soit-elle,
que de ses choix…
dépendait la libération du monde occidental contre la barbarie nazie…
L’avenir du monde libre…
Ca y est…
Les amarres sont lâchées et la lourde porte métallique, déjà criblée de balles, s’est ouverte…
Un à un, ses collègues sautent dans l’eau.
Il charge son paquetage sur son dos lorsqu’un bref sifflement,
à peine le temps de l’entendre……lui troue le crâne de part en part…
Qu’est-il donc venu faire ici, en Normandie ?
Pour le compte de qui s’est-il fait trouer la peau ?
Pour quelles valeurs, pour quel principe supérieur ?
Était-ce du courage ? Une envie d’aventure ? de l’inconscience ?
Une réelle envie enthousiaste de changer le monde ?
Peut-être un peu tout cela à la fois…
Nous n’en saurons rien…
Mais ce fut un acte héroïque et fondateur…
paraît-il…
Débarquer pour notre Liberté…
Combattre, risquer sa vie…
et la perdre…
pour la Liberté d’inconnus dont il ne parle même pas la langue et qui habitent à 10 000 km de chez lui…
Mais c’était une autre époque…
Qu’en est-il aujourd’hui ?
A partir de quand la situation a-t-elle basculé ?
Serions-nous encore prêts à nous faire trouer la peau pour défendre notre Liberté ?
…ou mieux, celle des autres ?
Aujourd’hui, nous vivons une époque (…ça va revenir…)
où il nous faut un QR code pour aller au restaurant,
un papier auto-signé pour sortir de chez soi… à moins de 2km…
où l’on éduque nos enfants à protéger leurs aînés en ne les embrassant pas…
nous imposant 2,3, 4, bientôt 10 doses d’un produit “non obligatoire”,
qui n’empêche pas la contagion,
qui n’empêche pas de tomber malade,
qui serait juste censé protéger des formes graves d’un virus mortel…
qui n’a pourtant eu aucun impact sur l’évolution de la population mondiale.
Embrasser Mamie nous classe dans le rang des complotistes,
nos mains sont ridées par le gel hydroalcoolique,
nos sourires invisibles derrière les masques, devenus une seconde peau…
Ce fameux virus, on l’attrappe pourtant !
Malgré toutes les injections…
malgré les suspensions, les ségrégations…
Il est d’ailleurs, bien révélateur de cette époque :
il a comme symptômes, l’anosmie (perte d’odorat) et l’agueusie (perte de goût)…
Cela fait un bail, il est vrai, que nombre d’entre-nous ont perdu le goût…
Le goût de la Liberté surtout…
Notre confort, notre mobile,
un canapé et quelques chips…
et puis Netflix !…
Voilà le goût de la Liberté d’aujourd’hui…
Vraiment ?
On nous dit que notre liberté s’arrête là où commence la santé des autres…
Bien-sûr ! C’est pour le Bien commun !
Pour le bien commun, il faut bien être capable de faire quelques entorses à notre Liberté.
Pour l’instant, le calme est revenu…
Présidentielles, législatives, …
Le temps de laisser du temps au gouvernement pour s’organiser, se préparer…
Le temps de laisser les esprits peu à peu s’émousser durant les vacances,
s’endormir à la chaleur douce de l’été…
Mais en septembre, que va-t-il advenir pour tester notre capacité à encore courber l’échine ?
Un nouveau variant ? La variole du singe ?
L’inflation, ou la famine, dûes au méchant Vladimir qui s’est attaqué au gentil Volodymyr ?
Le réchauffement climatique aussi, causé par les gilets jaunes qui roulent en diesel ?
Ou ce sera peut-être l’extrême droite qui rôde à notre porte…
ou l’extrême gauche qui va ruiner le pays…
Sommes-nous prêts à tous les compromis,
pour conserver ce petit confort que nous appelons Liberté ?
A toutes les compromissions pour rester “en bonne santé” ?
D’ailleurs, qu’est-ce que la Santé finalement ?
Bientôt il en sera ainsi :
Un comprimé en échange d’un compromis…
C’est ce qu’exige notre “con primé” national !
Est-on tombé sur la tête ?
Qu’en dirait Bill ?
(ne pas confondre avec Bill Gates 😉 …)
En cette commémoration du 6 juin 1944…
Qu’est-ce qui nous inciterait à “débarquer” aujourd’hui ?
au moins intérieurement…
Allons-nous enfin retrouver notre flair ?
et notre goût ?
RESIST
P.S :
La fleur toussa. Mais ce n’était pas à cause de son rhume.
– J’ai été sotte, lui dit-elle enfin. Je te demande pardon.
Tâche d’être heureux.
Il fut surpris par l’absence de reproches. Il restait là tout déconcerté, le globe en l’air.
Il ne comprenait pas cette douceur calme.
– Mais oui, je t’aime, lui dit la fleur.
Tu n’en as rien su, par ma faute. Cela n’a aucune importance.
Mais tu as été aussi sot que moi. Tâche d’être heureux…
Laisse ce globe tranquille. Je n’en veux plus.
– Mais le vent…
– Je ne suis pas si enrhumée que ça…
L’air frais de la nuit me fera du bien. Je suis une fleur.
– Mais les bêtes…
– Il faut bien que je supporte deux ou trois chenilles si je veux connaître les papillons.
Il paraît que c’est tellement beau.
Sinon qui me rendra visite ?
Tu seras loin, toi. Quant aux grosses bêtes, je ne crains rien. J’ai mes griffes.
Et elle montrait naïvement ses quatre épines. Puis elle ajouta:
– Ne traîne pas comme ça, c’est agaçant. Tu as décidé de partir. Va-t’en.
Car elle ne voulait pas qu’il la vît pleurer. C’était une fleur tellement orgueilleuse…
Le Petit Prince, Saint Exupéry
