
La Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL) a dénoncé mercredi ce qu’elle qualifie de « l’une des attaques les plus graves » commises contre ses Casques bleus depuis l’instauration du cessez-le-feu de novembre dernier entre Israël et le Hezbollah.
Selon un communiqué officiel, des drones israéliens auraient largué quatre grenades à proximité immédiate de soldats de la paix déployés près de la Ligne bleue, la frontière de facto tracée par l’ONU entre les deux pays.
Des Casques bleus pris pour cible
Les militaires onusiens étaient en train de dégager des barrages routiers bloquant l’accès à une position de la FINUL lorsqu’ils ont été visés. L’organisation précise qu’une grenade est tombée à moins de 20 mètres de ses troupes, les trois autres explosifs s’étant abattus à une centaine de mètres des hommes et de leurs véhicules.
Heureusement, aucun blessé n’a été recensé. Mais la FINUL considère cet épisode comme « une violation grave du droit international et de la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU », qui régit le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah depuis 2006.
#Liban | La France condamne avec fermeté le largage de grenades assourdissantes par des drones de l’armée israélienne sur un détachement de la @UNIFIL_ le 2 septembre dernier.
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— France Diplomatie 🇫🇷🇪🇺 (@francediplo) September 3, 2025
Israël silencieux, l’ONU suspend ses opérations
La mission onusienne souligne que l’armée israélienne avait été prévenue en amont des travaux de dégagement, ce qui rend l’incident d’autant plus préoccupant. Les opérations ont été suspendues dans la foulée. Pour l’heure, aucune réaction officielle n’a été publiée par Israël.
Contexte tendu au Liban-Sud
Déployée depuis 1978, la FINUL joue un rôle de tampon dans une zone où les tensions restent explosives. Le 27 novembre 2024, un accord de cessez-le-feu, négocié sous médiation américaine, a mis fin à plus d’un an d’affrontements entre Israël et le Hezbollah, dont deux mois de guerre ouverte. Cet accord prévoit que seules l’armée libanaise et les forces de l’ONU soient autorisées à opérer dans le sud du Liban.
Pourtant, Tsahal maintient encore plusieurs positions stratégiques et continue de mener régulièrement des frappes contre les infrastructures du Hezbollah et certains de ses cadres.
Une série d’incidents inquiétants
L’attaque de ce mercredi n’est pas un cas isolé. La FINUL a déjà été visée à plusieurs reprises au cours des derniers mois :
- 10 octobre 2024 : Une tour d’observation à Naqoura est touchée par un tir de char Merkava israélien. Blessures : Deux Casques bleus indonésiens légèrement blessés.
- 11 octobre 2024 : Tirs israéliens répétés sur des positions de la FINUL. Blessures : Deux Casques bleus indonésiens légèrement blessés (possiblement le même incident que le 10 octobre, mais rapporté séparément).
- 13 octobre 2024 : Deux chars israéliens détruisent la porte principale d’une position à Naqoura. Blessures : Aucune blessure signalée.
- 16 octobre 2024 : Tir direct d’un char Merkava sur une tour d’observation près de Kafer Kela. Blessures : Aucune blessure signalée.
- 8 novembre 2024 : Destruction d’une clôture et d’une structure en béton à Ras Naqoura par des engins israéliens. Blessures : Aucune blessure signalée.
Un mandat menacé
Sous la pression des États-Unis et d’Israël, le Conseil de sécurité a décidé de ne prolonger le mandat de la FINUL que jusqu’en 2027, date à laquelle son retrait définitif est prévu.
Face à cette multiplication d’incidents, l’avenir de la mission onusienne s’annonce de plus en plus incertain, alors même que le sud-Liban reste une poudrière où le moindre dérapage peut rallumer l’étincelle de la guerre.










