
Le scénario d’un film à 88 millions
Le scénario tenait du cinéma. Le 19 octobre, en pleine journée, quatre hommes cagoulés investissent la galerie d’Apollon à l’aide d’une nacelle élévatrice. En sept minutes chrono, ils s’emparent de neuf joyaux impériaux, d’une valeur estimée à quatre-vingt-huit millions d’euros. La fuite, sur des scooters, parachève cette opération d’une audace rare. La police judiciaire, saisie de l’affaire, a procédé à deux interpellations le 26 octobre. Les suspects, dont Abdoulaye N., ont été mis en examen pour vol en bande organisée. Le butin, lui, demeure dans l’ombre.
🚨🇫🇷 ALERTE INFO !
Derrière le « casse du siècle » au Louvre, où certains experts parlaient de « professionnels » du cambriolage, l’un des 4 membres du commando serait un certain « Doudou Cross Bitume », alias Abdoulaye N. (39 ans), un délinquant et père de famille qui a fait rêver… https://t.co/5jm0w4FmYX pic.twitter.com/9DUM7RFLBd
— Impact (@ImpactMediaFR) November 4, 2025
La chute d’une icône du bitume
Avant de devenir un nom dans une procédure, « Doudou » était une légende urbaine. Ses vidéos de motocross, où il slalomait entre les cités d’Aubervilliers et les pavés parisiens, cumulaient des centaines de milliers de vues. Son credo, « Toujours plus près du bitume », résonnait comme une profession de foi pour une génération. Torse nu, affichant une musculature saillante, il cultivait une image de rebelle, à mi-chemin entre le sportif et le caïd de quartier. Un voisin, sous le choc, le dépeint pourtant comme un homme « discret » et « pas […] le voyou qu’on va craindre ». Le contraste avec l’accusation est saisissant.
Le « sous-traitant » du crime organisé
Le profil du quadragénaire interroge les enquêteurs. Il ne correspond pas à l’archétype du gangster chevronné. Placé en garde à vue, il a balayé l’image du cerveau pour endosser celle de l’exécutant, affirmant avoir agi « sur commande ». Cette version dessine les contours d’un « banditisme ubérisé », où des compétences spécifiques – la conduite, l’agilité – sont recrutées pour une mission, sans lien apparent avec les commanditaires. Une délégation du crime qui ridiculise les promesses sécuritaires de l’État.
Les promesses en roue libre du pouvoir
Face à ce coup d’éclat, les réactions gouvernementales sonnent creux. Le président a promis que les œuvres seraient « retrouvées » et les coupables « traduits en justice ». La ministre de la Culture, Rachida Dati, a quant à elle exprimé son « espoir » d’une restitution. Des vœux pieux qui peinent à masquer l’ampleur de la débâcle sécuritaire. Les musées nationaux, symboles de la puissance culturelle française, sont désormais perçus comme des proies faciles par un grand banditisme en pleine mutation. L’affaire « Doudou Cross Bitume » est plus qu’un fait divers ; c’est la preuve cynique de l’adaptabilité du crime face à des institutions dépassées.










