La découverte choquante a été faite à la suite d’un contrôle mené par l’inspection du travail. À l’intérieur de cet hébergement, des dizaines de vendangeurs, principalement originaires du Sénégal, du Mali et de la Mauritanie, ont été retrouvés dans des conditions insalubres. Ces travailleurs étaient employés par un prestataire de service agricole pour effectuer les vendanges dans la prestigieuse région champenoise.
Selon les informations de la CGT de la Marne, pas moins de 52 vendangeurs vivaient dans ce dortoir, qui ressemblait davantage à un hangar qu’à un logement décent. Ils disposaient de tapis de piscine en guise de matelas, n’avaient ni couvertures ni toit au-dessus de leur tête, et l’état des lieux était qualifié de répugnant par les autorités. Les installations sanitaires étaient dans un état déplorable, et il existait même un risque électrique imminent en raison du contact direct avec des pièces sous tension. Sans contrat de travail, sans eau chaude pour se laver, un sac de riz pour toute nourriture.
Le maire de ce petit village a été alerté de la situation la semaine dernière par des riverains. Il a exprimé son étonnement en déclarant :
« Je ne pensais pas qu’ils allaient installer des lits dans de telles circonstances et accueillir des gens dans de telles conditions. Recevoir des personnes dans un environnement tel que celui du champagne, je trouve que c’est déjà indigne. C’est vraiment très triste, on n’y pense même pas. »
La situation alimentaire n’était guère meilleure. Les vendangeurs étaient réduits à se nourrir uniquement de sacs de riz et de raisin, selon les témoignages recueillis par des membres de la CGT.
Outre les conditions de logement et de nourriture déplorables, le contrôle de l’inspection du travail a également révélé l’absence de contrats de travail pour ces vendangeurs. Basé en région parisienne, le prestataire de service agricole responsable, Anavim, est dirigé par Dan Lévy et Yohan Cohen. Il est spécialisé dans le vin casher (champagnes Yarden, Rothschild entre autres). Sabine Duménil secrétaire générale de la CGT de la Marne, s’indigne :
« Certains ex-salariés ont tenté d’appeler leur employeur devant nous, on leur raccroche au nez. » D’autre part, le nom de la maison de Champagne pour laquelle ils travaillaient demeure inconnu à ce jour.
Ce scandale a poussé le parquet de Châlons-en-Champagne à ouvrir une enquête pour traite d’êtres humains, rappelant le procès retentissant de 2020 qui avait mis en lumière des affaires similaires d’esclavagisme moderne impliquant plusieurs prestataires de services. Une fois de plus, cette nouvelle affaire soulève des questions sur la responsabilité des donneurs d’ordres et la régulation de l’industrie viticole en France.
Le Média en 4-4-2
par Yoann
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