“Mes filles ne m’avaient jamais entendue parler”. Karine, 49 ans, a retrouvé la voix grâce à une greffe de larynx après avoir respiré par trachéotomie pendant vingt ans. L’intervention, réalisée les 2 et 3 septembre derniers par une équipe médicale du CHU de Lyon, est une première en France.
“Cela me fait bizarre de parler à nouveau”, raconte-t-elle. Depuis 1996, après qu’elle a dû être intubée à cause d’un arrêt cardiaque, elle ne pouvait plus parler. Mais grâce aux douze chirurgiens et à la cinquantaine de personnels du CHU de Lyon qui ont participé à son opération, sous la coordination du Pr Céruse et de son confrère Lionel Badet, chef du service d’urologie et de chirurgie de la transplantation de l’hôpital Edouard Herriot, c’est à nouveau possible d’entendre le son de sa voix.
Évidemment, il y a encore du travail ; elle suit depuis des séances de rééducation des cordes vocales, de la déglutition et de la respiration avec une orthophoniste pour recouvrer toutes ses capacités, et elle assure être armée de “courage” et de “patience”.
Cette opération pour le moins complexe a été réalisée pour la première fois aux États-Unis, en 1998. Une autre y a eu lieu en 2010, et une troisième s’est déroulée en Pologne, en 2015. En France, c’était une première. Pour mener à bien cette mission, le professeur Céruse est allé se former auprès du Dr Luis Fernando Tintinago Londono, à Cali.
L’équipe, “fière” de cette “prouesse”, reste tout de même prudente. “C’est la patiente qui dira si c’est un succès”, relève le Pr Céruse, en notant qu’il faudra 12 à 18 mois pour qu’elle retrouve la motricité de son larynx “le temps de la repousse nerveuse”.
Il attendra donc qu’elle “se porte parfaitement bien” avant de se lancer dans d’autres aventures. Les équipes de transplantation de Lyon pensent notamment qu’après les bras, les avant-bras et le larynx, ce sera le tour “dans les deux ans qui viennent des greffes d’utérus et de pénis”.