Pendant que le gouvernement français cherche à pallier le déficit public en augmentant les impôts, son homologue portugais annonce une réduction fiscale sur dix ans pour retenir ses jeunes talents. L’idée, c’est de privilégier la génération à venir, mais peut-on le faire sans creuser les inégalités ?
Le Portugal mise sur un geste fiscal pour retenir ses jeunes diplômés : une première année sans impôt, suivie de réductions progressives sur une décennie, ultime carte du gouvernement pour freiner la fuite des cerveaux. Mais cette mesure, censée compenser l’absence d’opportunités à la hauteur des ambitions locales, pourrait bien cacher une fracture plus profonde dans la société.
Sur le papier, l’idée est séduisante : les jeunes de moins de 35 ans, gagnant moins de 28 000 euros par an, seront épargnés d’impôts sur le revenu pendant un an, puis soumis à des taux très réduits les neuf années suivantes. Mais peut-on vraiment croire que cette incitation fiscale suffira à enrayer une émigration massive, qui touche chaque année plus de 40 000 jeunes ? “Nous avons déjà eu suffisamment de problèmes avec ça dans le passé”, avertit Mario Centeno, gouverneur de la Banque du Portugal, qui craint que la réduction d’impôts combinée à un budget expansif ne déstabilise l’économie. Selon Les Échos, cette initiative vise autant à freiner les départs qu’à séduire une jeunesse qui s’estime souvent oubliée par des politiques trop tournées vers les aînés.
Le danger de cette stratégie est double. D’un côté, elle ne s’attaque pas aux racines du mal : un marché de l’emploi stagnant et des salaires trop bas. De l’autre, elle exacerbe les tensions entre les générations. Les socialistes ont d’ailleurs réussi à limiter les effets de cette mesure aux classes moyennes, empêchant la droite de donner un coup de pouce fiscal plus généreux aux revenus élevés.
Si cette réduction fiscale peut être vue comme une bouffée d’air pour les jeunes, elle laisse en suspens la question fondamentale : un cadeau fiscal peut-il compenser l’absence d’un projet de société plus inclusif et équitable ? À long terme, c’est bien l’accès au logement, à un emploi décent et à une meilleure qualité de vie qui décidera de l’avenir des jeunes Portugais.
