Réunis le 4 novembre à La Cité des sciences pour la Journée de la filière automobile, les patrons du secteur critiqué la trajectoire imposée par Bruxelles, qui veut le tout-électrique pour 2035. Selon eux, l’Europe fonce droit dans le mur. « Le 100 % électrique en 2035, on n’y arrivera pas, c’est la réalité des chiffres », a prévenu Luc Chatel, président de la Plateforme automobile (PFA), devant un millier de professionnels.
Après des mois de prudence, la perspective d’une révision de la feuille de route européenne a libéré les langues. « Quand d’autres investissent, nous régulons », a déploré François Provost, directeur général de Renault, regrettant que les ingénieurs du technocentre passent « un quart de leur temps à faire de la conformité réglementaire ». Même diagnostic chez Stellantis, dont le patron Antonio Filosa estime que « la régulation mise en place par Bruxelles n’est pas imparfaite, elle est mauvaise ». Comme le rapporte Le Figaro, ces dirigeants dénoncent une course bureaucratique déconnectée du marché et d’un consommateur toujours réticent à l’électrique, notamment en raison des prix et du manque d’infrastructures.
Derrière la colère, une revendication commune : la « neutralité technologique ». Les constructeurs demandent d’assouplir les objectifs de CO₂ pour 2035 afin d’inclure hybrides, prolongateurs d’autonomie et autres alternatives réalistes. « Si je n’ai pas de flexibilité, je devrai couper des centaines de milliers de voitures », prévient Provost. Pour trouver des solutions, le ministre de l’Économie Roland Lescure a esquissé un possible compromis franco-allemand. Mais la question demeure toujours la même avec l’Europe : combien de temps le vieux continent pourra-t-il se payer le luxe de sa propre rigueur ?










