
Un président ahuri, un préfet embarrassé
Lorsque la députée de Mayotte fait état de charniers à ciel ouvert…
Emmanuel Macron joue les étonnés : « C’est vrai ? », « Où ça principalement ? »
Réponse du préfet François-Xavier Bieuville : « Tous les quartiers informels en fait. »
Macron : « Personne n’est passé ? »
La députée : « Personne n’a pu. »
Le préfet noie le poisson : « Pour l’instant on y est pas encore monté pour des raisons d’urgence. Il y a des fausses communes. On va, on va commencer à mettre en place ce dispositif. On l’a activé depuis lundi. On est en train d’organiser les choses avec les maires avec le système Cadial [NDLR : juge religieux musulman.] avec le milieu associatif pour déclencher ces enquêtes de terrain… »
Mayotte avant le cyclone
Parachuté depuis peu de la métropole, le préfet, sans moyens suffisants, a eu fort à faire avec
– le manque d’eau potable : « Les équipes du syndicat des eaux, la Société mahoraise des eaux (SMAE), sont “à l’œuvre à l’usine afin d’évaluer les conséquences de l’incident et le délai de rétablissement de la situation” ».
– la délinquance : « Il y a des secteurs ou la baisse est significative comme les agressions physiques et les vols à main armée. En revanche, là où nous ne sommes pas bons c’est sur les cambriolages qui ont augmenté ainsi que sur les atteintes sexuelles, notamment. »
– l’immigration : le rideau de fer, annoncé par l’ancien ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, est en train de se mettre en place.
– la nouvelle prison : « C’est prévu pour 2027. Mais à ce stade nous n’avons pas encore de terrain. Il a y un travail de concertation… »
– la pauvreté : 77 % des habitants vivent sous le seuil de pauvreté, soit cinq fois plus qu’en France.
– la santé : Les maladies chroniques sont en hausse (pathologies cardiaques, cancers, addictions, maladies liées à une alimentation de mauvaise qualité). Les causes : l’habitat insalubre, la pollution, le non accès à l’eau courante.
– le chômage : 37 % de la population active (7,5 % en métropole)
Un Premier ministre peu concerné
Le Premier ministre doute un peu de l’appartenance de Mayotte à la France. « Pau, c’est en France (…) si j’avais été dans la mairie du septième arrondissement ou de Neuilly, vous auriez considéré que c’était très bien », a déclaré François Bayrou après avoir été interpellé à l’Assemblée sur son absence à Mayotte. A quoi bon s’être décarcassé pour venir en Falcon à Pau, si c’est pour s’entendre dire par un conseiller municipal : « Votre place je pense que ce soir elle n’était pas à Pau (…) elle était soit à Paris soit à Mayotte pour manifester la solidarité nationale à nos compatriotes. »
Un deuil dérisoire pour enterrer le problème Mayotte
Des villes votent des subventions, des départements font appel à la générosité publique. Après 1,4 milliard noyé dans l’égout à ciel ouvert qu’est la Seine et les milliards disparus dans des réseaux mafieux ukrainiens, il ne reste rien pour les services publics à Mayotte.
Macron enterre symboliquement Mayotte la veille de Noël, par pur hasard du calendrier. Il a décrété un deuil national. Légalement c’est le Premier ministre qui doit en fixer les modalités. Ce dernier étant François Bayrou, il s’est bien entendu fait coiffer au poteau par Emmanuel Macron qui annonce lui-même : « Nos drapeaux seront en berne. Tous les Français seront invités à se recueillir à 11 heures. Il y aura une minute de silence dans tous les services publics et on invitera la population à l’observer. » Ainsi, lundi 23 décembre, le Village de Noël du Barcarès ouvrira ses portes non pas à 11 heures comme traditionnellement mais à 11 h 30.
Pourquoi Mayotte ?
Pourquoi le gouvernement français, qui se désintéresse totalement de la vie des habitants de Mayotte, conserve-t-il une base navale et une base aérienne sur ce pseudo département français ? Réponse : pour contrôler les tankers qui passent par le canal du Mozambique, exportant le pétrole du Moyen-Orient vers l’Europe et l’Amérique. De plus Mayotte pourrait servir de base logistique à Total qui a un projet gazier au Mozambique.
