Une nouvelle affaire pour Apple et son assistant vocal Siri. Cette fois-ci en France. Le parquet de Paris a ouvert une enquête sur une éventuelle collecte par la société américaine à travers son outil de milliers d’enregistrements d’utilisateurs. La pomme croquée nie tout usage des données collectées pour un intérêt marketing ou commercial.
Depuis plusieurs années, Siri, l’assistant vocal d’Apple, est au centre de polémiques liées à la collecte et l’enregistrement non consentis de conversations privées. Cette problématique n’est pas nouvelle et s’inscrit dans un contexte international où Apple a déjà fait face à des plaintes. Aux États-Unis, un accord à l’amiable de 95 millions de dollars a été conclu fin 2024, suite à une class action d’utilisateurs reprochant à Apple d’avoir enregistré des conversations sans autorisation explicite.
Affaire déjà classée sans suite en Irlande
En France, l’affaire a pris une nouvelle ampleur avec un signalement déposé par la Ligue des droits de l’homme (LDH), soutenue par Thomas Le Bonniec, un ancien employé d’une société sous-traitante d’Apple, qui a révélé la collecte massive et l’analyse d’enregistrements vocaux contenant parfois des données personnelles sensibles ou intimes sans le consentement éclairé des utilisateurs.
Le lanceur d’alerte, Thomas Le Bonniec, a travaillé en 2019 pour un sous-traitant d’Apple basé en Irlande. Il était “chargé d’écouter et retranscrire des milliers d’enregistrements captés par l’assistant vocal dans le but d’améliorer la compréhension orale de Siri”. Il a alors constaté que de nombreux extraits étaient déclenchés de manière erronée et contenaient des informations personnelles très sensibles, incluant parfois des données de santé ou des conversations privées identifiables, révèle Policito.
C’est dans ce pays, où se trouve le siège européen d’Apple, qu’une première affaire a d’abord été instruite puis a été classée sans suite par la Data Protection Commission irlandaise en 2022.
Mais le dossier a pris un tournant décisif en février 2025, quand la Ligue des droits de l’Homme (LDH) a déposé une plainte et un signalement auprès du parquet de Paris, accusant Apple de ”violations de la vie privée” à travers la collecte et l’analyse d’enregistrements Siri sans consentement explicite des utilisateurs.
En 2019 déjà, Apple avait été épinglé par une enquête du Guardian pour avoir fait écouter à des humains des conversations enregistrées par Siri. La société américaine avait admis ne pas avoir respecté ses propres idéaux. “Et pour cela, nous nous excusons”, avait écrit le géant. Mais depuis cet épisode, Apple a toujours nié un usage des données collectées par Siri à des fins commerciales.
Une enquête du parquet et un recours collectif
Est-ce un mensonge ? C’est ce que le parquet de Paris entend révéler en ouvrant une enquête contre la société suite au signalement de la Ligne des droits de l’Homme. La procédure a été confiée à l’Office anti-cybercriminalité (OFAC) et porte sur la collecte de milliers d’enregistrements des utilisateurs de Siri.
À travers son instruction, l’OFAC doit, selon Thomas Le Bonniec, chiffrer le nombre d’enregistrements réalisés, des personnes impactées aussi bien par les écoutes que par le stockage de leur data.
Parallèlement à cette enquête, un recours collectif a été initié suite à la plainte de la LDH. Cette plainte au civil est cette fois-ci portée par l’avocat et ancien député Julien Bayou. S’inspirant de la class action lancée aux États-Unis des années auparavant, il invite les utilisateurs d’iPhones en France à s’associer pour demander réparation.
De son côté, la société américaine a déclaré auprès du Figaro “n’avoir jamais utilisé les données Siri pour pour établir des profils marketing”, ne pas les avoir “rendues disponibles pour la publicité” et de ne les avoir “jamais vendues à qui que ce soit pour quelque raison que ce soit”.










