Le Média en 4-4-2 vous présente à travers sa série « Artistes à contre-courant » des personnalités qui choisissent de sortir des sentiers battus malgré les défis qui en découlent. Pour le sixième épisode, nous recevons l’illustrateur et designer (mais pas que) David Soner. Adolescent, David découvre la culture Hip-Hop, qui en est à ses débuts. Il s’essaye alors aux différentes disciplines de cette culture underground et c’est finalement à travers le graff qu’il découvre sa véritable vocation.
Après être passé par une école de graphisme et avoir travaillé pour de grosses marques, David se construit aujourd’hui une carrière d’artiste en collaborant par exemple dès 2005 avec Mysa pour la couverture de son album « Les poésies du Chaos » puis pour les visuels de sa boutique et de quelques singles qu’il a sorti.
Le Média en 4-4-2 : Bonjour David, et merci d’avoir accepté l’invitation du Média en 4-4-2. Peux-tu te présenter en 4-4-2, c’est-à-dire de manière concise et efficace ?
David Soner : David – SONER (nom d’artiste issu du graffiti writing au début des 90s), je frise la cinquantaine (déjà). Artiste multi-casquettes : peintre, illustrateur, graphic-designer spécialisé print/corporate identity. Je suis originaire du nord-est de la France (Metz) et aujourd’hui je vis à Luxembourg depuis 2011.
Le Média en 4-4-2 : Quel est ton parcours artistique ? Et quelle est ton actualité du moment ?
David Soner : J’ai débuté le graffiti par le dessin dans cette esthétique en 1990 après avoir été happé par la culture hip hop et après avoir essayé les différentes disciplines (break, rap). J’avais un petit avantage : j’ai toujours aimé le dessin donc j’ai toujours pratiqué le crayon. En parallèle à ceci, après le service militaire, j’ai fait une petite formation en 1997 afin d’apprendre le métier de graphiste et j’ai directement enchaîné dans le salariat dans ce métier durant 16 ans avec une grosse expérience en agence de communication internationale. Durant des années, je travaillais les deux en parallèle, en ayant mon job officiel et je commençais de plus en plus à répondre à des demandes sur mon temps libre. J’ai été pendant un temps le graphiste «officiel» pour tout ce qui était hip hop dans la région (visuels mixtape, album, logo, affiches soirées et concerts). Au fur et à mesure, mon propre style a commencé à se dessiner. Je suis passé par plein de «périodes» artistiques durant toutes ces années, ce qui me permet aujourd’hui d’être super polyvalent et efficace. J’ai quitté le salariat en 2014 après avoir essuyé une période un peu difficile dans ma vie privée. Une sorte de renaissance s’est opérée. Une idée m’est venue et j’ai crée l’entreprise PSCHHH! à ce moment-là en proposant l’art urbain en entreprise par le biais de team-building, live painting pour divers événements et de fresques en tous genres. J’ai travaillé directement pour de grosses marques comme Renault, Orange, PWC, plus récemment Disney+ ou Opel ce qui a contribué à asseoir mon image et permis d’augmenter la confiance de mes clients vis à vis du côté sérieux et professionnel.
Aujourd’hui je travaille toujours à répondre à des demandes diverses et variées en y incluant de plus en plus mon univers personnel. Et en parallèle de ceci, je suis constamment en train de me creuser la tête pour évoluer. Je travaille en collaboration avec un petit réseau de talents complémentaires et j’ai toujours pas loin de moi des gens à l’œil affûté, des tueurs à gage dans leur domaine (design, illustration, nouvelles technologies, milieu de l’art contemporain), ça aide entre autres à confirmer certains choix artistiques.
Mon challenge aujourd’hui serait de me construire une carrière en tant qu’artiste, sortir de l’image «prestataire de services» et survivre dans cette société hors de prix qui vacille. Sinon, j’ai bien un beau projet au message et à l’image forts que j’aimerai pouvoir faire dans l’espace public sur un grand format mais pas encore eu la bonne opportunité de le faire comme il se doit. Tout est prêt, je pourrai ensuite le dupliquer sur t-shirts par exemple (à l’instar d’un HOPE de Shepard Fairey !).
Le Média en 4-4-2 : Comment as-tu traversé ces trois dernières années complètement folles ?
David Soner : J’ai eu la chance de m’en sortir pas trop mal, j’ai juste morflé au niveau santé mentale, et je peine à m’en remettre. La propagande d’état, les restrictions absurdes, le diviser pour mieux régner au taquet, c’était hardcore quand même. Par contre, aujourd’hui je commence vraiment à ressentir les effets de la «crise» et ça ne sent pas très bon.
Le Média en 4-4-2 : Comment vois-tu ton avenir et celui du monde du graphisme et de l’illustration ?
David Soner : J’espère perdurer, pouvoir payer mes factures et bien sûr progresser, évoluer, trouver de nouvelles idées, ne pas être dépassé en somme. Aucune envie de devenir un vieux c.. aigri, que Dieu m’en préserve ! L’indépendance n’est vraiment pas de tout repos, y a du pain sur la planche. Quant à l’évolution globale, je suis confiant car il y aura toujours de la création, et il y aura toujours des besoins en graphisme et en illustration.
Le Média en 4-4-2 : Merci David de nous avoir accordé cet entretien. Nous te laissons le mot de la fin.
David Soner : Merci à toi Yoann de m’avoir donné cette opportunité de m’exprimer. Longue vie au Média en 4-4-2 !
Retrouvez David Soner sur son compte Instagram et son site internet.
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